jeudi 21 décembre 2006

Le sentier

Effluves sylvestres, pierres moussues à l'ombre des grands arbres,
le pas léger sur le chemin souple et bondissant
qui mène à ta lumière.

mercredi 20 décembre 2006

L'insulaire

Arpenter la lande,
affronter la force du vent
porteur des trilles d'oiseaux.

Charles Perrault















Tout est beau dans ce qu'on aime ;
Tout ce qu'on aime a de l'esprit.

mardi 19 décembre 2006

Exposure

Les lignes en liberté et le regard croisé,
Lee Friedlander court sur les murs du musée.

Lux aerterna

Bercé par le chant des grillons
la tête dans les étoiles
le corps luisant de rosée.


lundi 18 décembre 2006

Raspoutitsa









Dans l'ornière de l'hiver
le ciel trouve toujours
la clarté des beaux jours.

vendredi 15 décembre 2006

Five Fingers

« There was something electric and at the same time very dangerous about James which had nothing at all to do with conventional screen stardom. He was one of the few people who could really frighten me, and yet at the same time he was the most gentle and courteous of men. When James Mason died in 1984 at the age of 75, he left behind more than one hundred films, two wives, two children, a surprisingly modest legacy, and one overriding question : how was it that the most intelligent and intriguing character actor of his screen generation, and arguably the most talented and distinguished of all the post-war Hollywood raj, went to his grave so personally unknown and professionally uncredited ? James Mason's distinguished reportoire ranged from character actor, his early British films and those with such Hollywood giants as Ava Gardner to his later outstanding performances. Mason's personal politics alienated him from the mainstream of popular affection and examines the reasons why Mason took a backseat to such contemporaries such as Cary Grant, Rex Harrison and David Niven. He possessed as many enemies as friends during a troubled life where he was a misunderstood talent. James Mason was an actor of contradictions.
He was a quietly spoken, deeply private man who chose to follow the most public of careers. The richness of his voice was used to memorable effect in his film work. « I have not for some years seen an actor with such a gift for sinister characterisation. » wrote Daily Telegraph critic W A Darlington on a student production Mason appeared in at Cambridge.

Here is to you, Mrs Abington

Une actrice à l'affiche, par Reynolds immortalisée.
Guipures de lumière et carnation de tubéreuse.
Regard sibyllin perdu dans l'argent de sa psyché.


Angel heart

Un ange passe, s'arrête et s'assoupit.
Comme une plume, il pèse sur ta nuit…
Un ange part, s'apprête, et te sourit.

jeudi 14 décembre 2006

Pantone 3

Jeu de couleurs acidulées,
lumières mouvantes
et évanescentes,
spectres incertains,
phosphènes de mémoire.

mercredi 13 décembre 2006

Saint Polychrome

À l'ombre fraîche de la chapelle, nouvel embrasement
de la pierre de lave où palpite doucement l'âme du vitrail.


vendredi 8 décembre 2006

Vague à l'âme

Dans mon port intérieur, tu as largué les amarres de l'histoire où nous nous étions embarqués.


mardi 5 décembre 2006

Les Enfants du paradis

LE PETIT BAPTISTE. Bonjour, Madame.
Flash sur Garance, étonnée, puis reprise sur l’enfant en plan rapproché. Puis contrechamp en fonction du dialogue.
LE PETIT BAPTISTE, avec gentillesse, simplicité et aucune gêne. J’ai une commission à vous faire. Je suis venu vous dire que nous vivons très heureux tous les trois, maman, papa et moi.
GARANCE, effrondrée. Et c’est ton père qui t’a envoyé me dire cela ?
LE PETIT BAPTISTE. Non, c’est maman. Mais maman, papa et moi, c’est pareil !
Plan rapproché de Garance, muette, et retour sur l’enfant.
LE PETIT BAPTISTE. C’est vrai ce que maman a dit !
GARANCE, sur elle, triste. Qu’est-ce qu’elle a dit ?
LE PETIT BAPTISTE, sur lui. Que vous étiez belle ! (Il lui sourit.) Quand je serai grand, je me marierai, et alors, c’est une comme vous que je prendrai…, ou comme maman. S’il y en a, bien sûr !
Plan américain de Garance de profil. Elle tend la main au petit Baptiste qui entre à droite, s’approche d’elle et met la main dans la sienne.
GARANCE. Tu es un très gentil petit garçon.
LE PETIT BAPTISTE, poursuivant son idée. Vous êtes mariée, vous ?
GARANCE. Non.
LE PETIT BAPTISTE. Alors, vous n’avez pas de petit garçon ?
GARANCE. Non, je n’ai pas de petit garçon.
LE PETIT BAPTISTE, plus grave. T’es toute seule, alors ?
GARANCE, de plus en plus triste, caresse avec une grande douceur les cheveux du petit Baptiste. (On entend les trois coups du brigadier annonçant que le rideau va se lever.)
GARANCE. Oui, je suis toute seule…

Le Déjeuner d'huîtres

Fugace rémanence d'un souvenir d'enfance.

mardi 28 novembre 2006

Fragmented Face de Brad Noble






À l'heure où les anges du sommeil
regagnent l'infini, chassant d'un souffle
les derniers songes qui flottaient
encore dans tes limbes.

Nephélai d’Aristophane

Le rapide essor des nuées humides qui lancent des éclairs,
les tresses du Typhon aux cent têtes, les tempêtes furieuses, filles de l'air, agiles oiseaux qu'un vol oblique fait nager dans les airs, torrents de pluie émanant des nuées humides.

Pantone 2

Horions ! Paires de quarks perdus dans un océan de gluons, voués aux fermions et aux leptons… Liberté asymptotique : les quarks en pension dans l’auberge des hadrons. Baryons et mésons, fermions saveur neutron… Quantique des quantiques. Création et désintégration.



Boris Vian, l'écumeur des jours

Évolution inéluctable qui, parallèlement à ce grand courant partant
du singe pour aboutir à l'homme, part de l'homme pour aboutir
à l'imbécile.

lundi 27 novembre 2006

Vue de château






Le duc est au cimeterre,
et la Smala dans le Frigidaire.

L'art du portrait selon Reynolds












Au détour d'une salle, pendu
à une cimaise, l'acuité d'un regard
dont la vie vous enveloppe tout entier.

Au coin du bois

Agglomérés et tronqués. Débités et contre-plaqués…
Si seulement les arbres savaient crier.

Mon côté rétro


Le réflexe sur auto.
Des images à toute vitesse.
Le temps qui tient la pause.

jeudi 23 novembre 2006

Blister et boule de gomme

Code-barrés. Embouteillés. Consignés. Alignés. Conditionnés… Génération spontanée du sous-vide. De la vie en boîtes de Pétri.
De l'amour plastifié et lyophilisé.

mercredi 22 novembre 2006

L’enfer du décor

Des lignes vitrifiées aux reflets pétrifiés.
Du béton statufié, armé pour la Défense.
Seul le ciel n’a pas été décoré et vit encore en liberté.

Les Valeurs personnelles de René Magritte


« L'on me reprocha encore beaucoup de choses et enfin de montrer dans les tableaux des objets situés là où nous ne les rencontrons jamais. Cependant, il s'agit là de la réalisation d'un désir réel, sinon conscient, pour la plupart des hommes. En effet, déjà, le peintre banal essaie, dans les limites qu'on lui a fixées, de déranger un peu l'ordre dans lequel il voit toujours les objets. Il se permettra
de timides audaces, de vagues allusions. Étant donnée ma volonté de faire si possible hurler les objets les plus familiers, l'ordre dans lequel l'on place généralement les objets devait être évidemment bouleversé ; les lézardes que nous voyons dans nos maisons
et sur nos visages, je les trouvais plus éloquentes dans le ciel ;
les pieds de table en bois tourné perdaient l'innocente existence qu'on leur prête s'ils apparaissaient dominant soudain une forêt ; un corps de femme flottant au-dessus d'une ville remplaçait avantageusement les anges qui ne m'apparurent jamais ; je trouvais très utile de voir les dessous de la Vierge Marie et je la montrai
sous ce jour nouveau ; les grelots de fer pendus aux cous
de nos admirables chevaux, je préférais croire qu'ils poussaient
comme des plantes dangereuses au bord des gouffres... »

mardi 21 novembre 2006

Dali l'a dit à daddy











Dali nous l'a bien roulée :

une femme à sa fenêtre
dans le ciel est emportée.

Sylve








Ovationné
par les arbres
après s'être joué de l'automne,
l'été a passé son chemin.


Le vaisseau fantôme


Embarqués dans la Grande Arche,
les vents dans le gréement,
nous cherchions l'ouverture dans le chœur des haubans.

La Dolce Vita

Marcelo comme le chat
a peur de l'eau.
Marcelo ! Marcelo…
Veni cui paparazzo !
Images de cinéma et de la vie
Magie de Fellini, beauté d'Anita.

lundi 20 novembre 2006

Détour

Un vendredi de liberté,
à regarder les nuages passer
et les tours se planter.

Le miroir de Léon Spilliaert


Introspection.
Le reflet scrute
la glace, le fusain
s'est taillé.

Pour l'éternité,
Spilliaert est
en liberté,

comme la sanguine
qui coule encore

dans les veines
du papier.

Pantone








Aveuglé de lumière, j'ai broyé des couleurs.
Et pendant ton sommeil,
du bout des cils d'un pinceau,

j'ai ébauché les songes qui frémissaient
sous tes paupières.

Baudelaire

Ma petite folle bien-aimée me donnait à dîner, et par la fenêtre ouverte de la salle à manger je contemplais les mouvantes architectures que Dieu fait avec les vapeurs, les merveilleuses constructions de l'impalpable.
Et je me disais, à travers ma contemplation : « Toutes ces fantasmagories sont presque aussi belles que les yeux de ma belle bien-aimée, la petite folle monstrueuse aux yeux verts. »
Et tout d'un coup je reçus un violent coup de poing dans le dos, et j'entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique
et comme enrouée par l'eau-de-vie, la voix de ma chère petite bien-aimée, qui disait : « Allez-vous bientôt manger votre soupe, s… b… de marchand de nuages ? »


jeudi 16 novembre 2006

Doriphorie


De ta voix lactée, tu m'as enchanté :
« Ça me fait de l'attraction, y a ta p'tite planète
qui m'trotte dans la tête ! »

Le Déjeuner des canotiers

Au dimanche gris de cet automne fumant de pluie, coiffé de feuilles molles et de nuages détrempés, j'arc-boute la palette de Renoir, bouclier de lumières.

Vertige





Rocs amers, ponctués d'écume,
avec le vent au fond des poches
et le cœur comme une falaise.

mercredi 15 novembre 2006

Morceaux de bravoure


Rêves éveillés
et surréalité !
Pièces du puzzle,
pièges de théâtre,
en transparence
et en pointillés…
De mémoire,
je n'étais pas là
quand ma mère
s'est démontée.

Champ magnétique

Comme un instantané de ta détresse,
Du ciel gris, une larme a roulé jusqu’à tes yeux.
J’y ai goutté l’amertume de mes jours d’enfant.

Peinture fraîche











Des lunes d'eau
qui s'éclipsent du tableau,
des nymphes lassent…
Un matin à Giverny :
time is Monet.

La Dame de la nuit

Souvenirs de Montreuil,
qui s'égaient autour de minuit.
À Robespierre, la tête qui roule dans un autobus nommé
Noir Désir,

et le cœur comme un tambour d'Afrique.
Où êtes-vous descendue
Dame de la nuit ?
À Croix-de-Chavaux ou à Bamako ?
Loin, j'espère, des sarcasmes à Sarko.

Andante mesto

Pas les marchands d'âmes
pas les trafiquants
pas les affairistes
pas les truands
pas la mafia ni les communistes
pas Poutine et pas Eltsine
mais la Russie, sœur slave, dans le concert de l'Europe et des nations. L'âme russe, comme celle d'Evgeny.

Consolations

Ta douleur, tel un bâtonnet d’encens, s’est vite consumée.
Au creux
de mon épaule, pour toute cendre, ne restaient plus que ton parfum et la marque de tes larmes.

Peinture à l'o

Ô séant d'Océane,
Ô tétins de Téthis…
Ode ad hoc et iodée,
offerte dans un vers saphique
et plein d'o.


Ophélie


Reflet de mes propres pensées
où flottent les quelques souvenirs
de ceux qui ne sont plus.

mardi 14 novembre 2006

Embarquement



La mer, comme une impatience,
nécessaire et renouvelée,
palpitante et désirée.



Rêves ailés




Rémiges empennées et dressées,
ailes arc-boutées, étayées et ventées, les rêves filent le coton
de la nuée.

Arbres de vie

À une allée-lumière, nous les avons croisés et pris dans notre poursuite.

La Grande Vague de Kanazawa


Elle roule, s’enfle de coléreuse écume, s’éparpille en grondant
les galets, puis salue mon âme d’une caresse salée.

L’oiseau dévoré

En marge du sentier battu, une volée de plumes rouges crochées
aux épines des genêts.

Présences



De la pointe du couteau
je saigne ma toile
enfantée dans la couleur.