mercredi 28 novembre 2007

Photoquai 4

Manit Sriwanichpoom, photographe thaïlandais.
Cet artiste est un activiste qui, depuis vingt ans, se bat – et il le documente – pour qu'existe enfin à Bangkok un Musée d'art contemporain. Il a réalisé des séries historiques, dans l'urgence qui caractérise sa façon de faire, en réinterprétant les icônes du photojournalisme, et en adjoignant aux réfugiés les sacs des marques de luxe qui envahissent son pays pour le plus grand bonheur des nantis. Depuis quinze ans, il a développé une critique de la consommation et du tourisme en mettant en scène, avec un humour ravageur, un personnage baptisé « Pink Man ». Celui-ci, dans son costume flashy, toujours accessoirisé d'un Caddie rose et du téléphone portable qui va avec, est un révélateur sans compromission de l'état du monde, de la consommation des temples en Indonésie (après les attentats terroristes) à la vision conventionnelle que ses contemporains peuvent avoir d'un Paris partagé entre baguette et béret, pour se conclure dans un
« déjeuner sur l'herbe » d'aujourd'hui. Il y a un an et demi, il a déménagé son studio dans Bangkok et a ouvert, avec son épouse, un lieu où ils vendent des tirages photographiques (les siens, bien entendu, et ceux des amis qu'ils estiment), des livres et des objets venus de l'Inde, dont ils sont amoureux. Pour se présenter, il a réalisé, en lumière naturelle et avec une rare humilité couplée à une incroyable exigence, les portraits de ses nouveaux voisins. C'est un vrai bonheur de pouvoir exposer cette photographie dans sa rare pureté.

Photoquai 3

Leonid Tishkov et Boris Bendikov : photographes russes.

Leonod Tishkov, né en 1953 en Oural, est un artiste complet – graphiste, installationniste, vidéaste – qui utilise un langage artistique surréaliste où se mêlent souvenirs, romantisme du folklore russe et mythologie teintés de référence au « conceptualisme moscovite » des années 1980.

La série « Lune privée », réalisée de concert avec le photographe Boris Bendikov en 2003-2005, nous ramène à cette époque (naïve) où les artistes russes transformaient la réalité en un monde merveilleux. Ce poème visuel raconte l'histoire d'un homme qui a rencontré la lune, pour ne plus jamais la quitter.

Photoquai 2

Gerardo Montiel Klint, photographe mexicain.

Les œuvres de Gerardo Montiel Klint sont des scènes recréées, représentant des crimes, des noyades, des suicides, l'abandon de soi… Les paysages paraissent immuables, et ce sont pourtant des lieux du grotesque et du sordide. La lumière et la couleur sont savamment travaillées afin d'obtenir des effets visuels qui accentuent l'aspect dramatique de la scène. En utilisant les nouvelles technologies de l'image, le photographe compose des espaces et utilise des procédés narratifs empruntés à l'histoire de la peinture. Les scènes de fond contrastent avec un personnage central rehaussant la tragédie, la laideur, la répulsion.

Les médias à sensation, au Mexique, regorgent d'images morbides rendant compte des faits divers et de la violence qui n'a cessé de se répandre dans le pays, au point de devenir familière et quotidienne. Gerardo Montiel Klint ne parle pas de faits précis, les images qu'il propose renvoient à des situations qui s'inscrivent pourtant dans l'actualité sociale. Les cadavres abandonnés sont certes des fictions mais pas des images gratuites ; celles-ci correspondent à une réalité que le photographe dénonce dans un titre comme « des mauvaises actions que font les hommes ». En 2002, dans le cadre d'une résidence à la fondation Banff, Gerardo Montiel Klint a effectué un séjour au Yucatán peu de temps après le passage de l'ouragan Isidore, aux effets dévastateurs. Dans ce contexte, il a réalisé des oeuvres situant l'homme confronté à la fatalité des forces de la nature, empreintes d'un certain romantisme. Sans renoncer à une recherche artistique, Gerardo Montiel Klint exprime de manière crue et impertinente son intérêt pour la condition de l'homme contemporain.

Photoquai 1

Wang Gang, photographe chinois :
« J'aime photographier les enfants et les vieux. Il semble que les enfants aient un avenir indéterminé, même si, dans bien des endroits, une fin de vie solitaire est ce qui les attend inexorablement. Leur destin ressemble à celui que l'on voit sur les photographies des personnes âgées qui souffrent. Un voyage aussi déprimant les attend. Mais, au moment présent, les enfants entament tout juste leur voyage. Ils peuvent encore briser les chaînes et avoir une nouvelle vie. En comparaison, ce que l'on a pu percevoir chez les vieux appartient plus au passé qu'au futur, auquel ils n'aspirent plus. Tout comme leurs ancêtres, leur but dans la vie est de « vivre », en laissant le temps dévorer sans pitié ce qui leur reste de vie. Dans les régions reculées et sauvages, ils finiront par quitter ce monde à l'endroit même où ils sont nés. Ce qui leur reste à vivre semble se traîner à même le sol jusqu'à ce que la mort fasse soudain irruption. Les feuilles mortes rejoignent alors les racines. Ma présence a figé en une image singulière un moment précis de leur existence qui s'écoule. Ces images ont été développées l'une après l'autre, et elles racontent ces peines sans retour, en un lieu situé entre réalité et illusion. Avec « Yi People in the Wilderness (Les Yi, peuple des étendues sauvages) », j'ai essayé de me concentrer sur ces ethnies qui refusent presque totalement toute forme d'évolution en un lieu donné, malgré l'invasion implacable de la civilisation. J'ai fait de mon mieux pour éviter les envahisseurs malveillants et découvrir la nature intrinsèque des Yi. Avec « Beyond the World (Au-delà du monde) », le temps paraissait s'être arrêté en un lieu immuable, et il semblait insignifiant de vouloir saisir ce moment. Cependant, un dieu tout puissant m'imposait cette poursuite et cette quête. Bien qu'il ne m'ait pas doté d'assez de force, et qu'au moyen d'un climat étrange il me rappelât que je ne faisais pas partie de son peuple, je lui savais pourtant gré de son indulgence, puisqu'il ne m'avait pas privé de ma liberté de penser. Diane Arbus, que j'adore, mais qui est morte si jeune, me le rappelle tout le temps : il faut affronter sans détour la vie morne et douloureuse. Dans les régions montagneuses, quand les Yi, figés par le froid, fixaient sur mon appareil photo leurs regards pleins de souffrance, ils mettaient à nu tous les péchés originaux de l'humanité – la faiblesse, la cupidité et la terreur. »

mardi 27 novembre 2007

Parti pris

Une femme dans un pays quadrillé
Interpelle Alexander Rodtchenko
Dans sa mise au point encadrée.

Photo noir & blanc : Александр Михайлович Родченко

lundi 26 novembre 2007

L'Œuvre au noir

Nos amours-fleuve à l'encre de Chine,
Dessinent la silhouette d'Alexandre III,
De la Seine à la Moscova.

Mise en onde : Nath…

Perspectives

L'armée des ombres,
Croise le fer avec la lumière
Et se bat pour la galerie.