mercredi 22 novembre 2006

Les Valeurs personnelles de René Magritte


« L'on me reprocha encore beaucoup de choses et enfin de montrer dans les tableaux des objets situés là où nous ne les rencontrons jamais. Cependant, il s'agit là de la réalisation d'un désir réel, sinon conscient, pour la plupart des hommes. En effet, déjà, le peintre banal essaie, dans les limites qu'on lui a fixées, de déranger un peu l'ordre dans lequel il voit toujours les objets. Il se permettra
de timides audaces, de vagues allusions. Étant donnée ma volonté de faire si possible hurler les objets les plus familiers, l'ordre dans lequel l'on place généralement les objets devait être évidemment bouleversé ; les lézardes que nous voyons dans nos maisons
et sur nos visages, je les trouvais plus éloquentes dans le ciel ;
les pieds de table en bois tourné perdaient l'innocente existence qu'on leur prête s'ils apparaissaient dominant soudain une forêt ; un corps de femme flottant au-dessus d'une ville remplaçait avantageusement les anges qui ne m'apparurent jamais ; je trouvais très utile de voir les dessous de la Vierge Marie et je la montrai
sous ce jour nouveau ; les grelots de fer pendus aux cous
de nos admirables chevaux, je préférais croire qu'ils poussaient
comme des plantes dangereuses au bord des gouffres... »

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