mercredi 19 décembre 2007

Le Microsillon d'Arnulf Rainer

Un cœur qui tourne en saignant,
griffé à la pointe du saphir,
d'où montent les cris de la matière.
© Arnulf Rainer 2007

mardi 18 décembre 2007

Utrillo V. 2008

Des flammes pour éclairer la dérision,
De la folie pour étayer l'horizon,
De l'ivresse pour clamer ma révolte.

Little Nemo in Slumberland

Retrouver un regard d'enfant,
Pour rêver la ville
Et la peindre en riant.

Fashion fusion

L'affaire est dans le sac,
Business is business
Par ici la money.

Selon Freud

Un rêve qui s'échappe d'une cage d'escalier,
Les bénéfices sur le palier et nos affaires en marche…
Faut-il descendre ou monter ?

dimanche 9 décembre 2007

L'Atelier d'Alberto Giacometti

(…) Les statues sont très hautes, debout devant elles — en glaise brune — ses doigts montent et descendent comme ceux d'un jardinier qui taille ou greffe un rosier grimpant. Les doigt jouent
le long de la statue. Et c'est tout l'atelier qui vibre et qui vit. J'éprouve cette curieuse impression que, s'il est là, sans qu'il y touche, les statues anciennes, déjà achevées, s'altèrent, se transforment parce qu'il travaille à l'une de leurs sœurs. Cet atelier d'ailleurs, au rez-de-chaussée,va s'écrouler d'un moment à l'autre. Il est en bois vermoulu, en poudre grise, les statues sont en plâtre, montrant la corde, l'étoupe, ou au bout un fil de fer, les toiles, peintes en gris, ont perdu depuis longtemps cette tranquillité qu'elles avaient chez le marchand de couleur, tout est taché et au rebut, tout est précaire et va s'effondrer, tout tend à se dissoudre, tout flotte : or, tout cela est comme saisi dans une réalité absolue. Quand j'ai quitté l'atelier, quand je suis dans la rue c'est alors que plus rien n'est vrai de ce qui m'entoure. Le dirai-je ? Dans cet atelier un homme meurt lentement, se consume, et sous nos yeux se métamorpose en déesses.


Jean Genet, L'Atelier d'Alberto Giacometti, Marc Barbezat, L'Arbalète, 1958.
Photo :
Michel Sima (1955 ?)

L'Homme qui marche

Nature vivante, faite de beauté désincarnée
Qui, selon toutes les apparences, roule ses mécaniques
Et explore une étrange réalité.

Photo : Ernst Scheidegger, 1955.

jeudi 6 décembre 2007

L'absence

J’entends ses mots porteurs de révolte,
Tintants acouphènes en échos,
Et sa lecture des poètes, d’Apollinaire à Rimbaud.
Photo : DR

mercredi 28 novembre 2007

Photoquai 4

Manit Sriwanichpoom, photographe thaïlandais.
Cet artiste est un activiste qui, depuis vingt ans, se bat – et il le documente – pour qu'existe enfin à Bangkok un Musée d'art contemporain. Il a réalisé des séries historiques, dans l'urgence qui caractérise sa façon de faire, en réinterprétant les icônes du photojournalisme, et en adjoignant aux réfugiés les sacs des marques de luxe qui envahissent son pays pour le plus grand bonheur des nantis. Depuis quinze ans, il a développé une critique de la consommation et du tourisme en mettant en scène, avec un humour ravageur, un personnage baptisé « Pink Man ». Celui-ci, dans son costume flashy, toujours accessoirisé d'un Caddie rose et du téléphone portable qui va avec, est un révélateur sans compromission de l'état du monde, de la consommation des temples en Indonésie (après les attentats terroristes) à la vision conventionnelle que ses contemporains peuvent avoir d'un Paris partagé entre baguette et béret, pour se conclure dans un
« déjeuner sur l'herbe » d'aujourd'hui. Il y a un an et demi, il a déménagé son studio dans Bangkok et a ouvert, avec son épouse, un lieu où ils vendent des tirages photographiques (les siens, bien entendu, et ceux des amis qu'ils estiment), des livres et des objets venus de l'Inde, dont ils sont amoureux. Pour se présenter, il a réalisé, en lumière naturelle et avec une rare humilité couplée à une incroyable exigence, les portraits de ses nouveaux voisins. C'est un vrai bonheur de pouvoir exposer cette photographie dans sa rare pureté.

Photoquai 3

Leonid Tishkov et Boris Bendikov : photographes russes.

Leonod Tishkov, né en 1953 en Oural, est un artiste complet – graphiste, installationniste, vidéaste – qui utilise un langage artistique surréaliste où se mêlent souvenirs, romantisme du folklore russe et mythologie teintés de référence au « conceptualisme moscovite » des années 1980.

La série « Lune privée », réalisée de concert avec le photographe Boris Bendikov en 2003-2005, nous ramène à cette époque (naïve) où les artistes russes transformaient la réalité en un monde merveilleux. Ce poème visuel raconte l'histoire d'un homme qui a rencontré la lune, pour ne plus jamais la quitter.

Photoquai 2

Gerardo Montiel Klint, photographe mexicain.

Les œuvres de Gerardo Montiel Klint sont des scènes recréées, représentant des crimes, des noyades, des suicides, l'abandon de soi… Les paysages paraissent immuables, et ce sont pourtant des lieux du grotesque et du sordide. La lumière et la couleur sont savamment travaillées afin d'obtenir des effets visuels qui accentuent l'aspect dramatique de la scène. En utilisant les nouvelles technologies de l'image, le photographe compose des espaces et utilise des procédés narratifs empruntés à l'histoire de la peinture. Les scènes de fond contrastent avec un personnage central rehaussant la tragédie, la laideur, la répulsion.

Les médias à sensation, au Mexique, regorgent d'images morbides rendant compte des faits divers et de la violence qui n'a cessé de se répandre dans le pays, au point de devenir familière et quotidienne. Gerardo Montiel Klint ne parle pas de faits précis, les images qu'il propose renvoient à des situations qui s'inscrivent pourtant dans l'actualité sociale. Les cadavres abandonnés sont certes des fictions mais pas des images gratuites ; celles-ci correspondent à une réalité que le photographe dénonce dans un titre comme « des mauvaises actions que font les hommes ». En 2002, dans le cadre d'une résidence à la fondation Banff, Gerardo Montiel Klint a effectué un séjour au Yucatán peu de temps après le passage de l'ouragan Isidore, aux effets dévastateurs. Dans ce contexte, il a réalisé des oeuvres situant l'homme confronté à la fatalité des forces de la nature, empreintes d'un certain romantisme. Sans renoncer à une recherche artistique, Gerardo Montiel Klint exprime de manière crue et impertinente son intérêt pour la condition de l'homme contemporain.

Photoquai 1

Wang Gang, photographe chinois :
« J'aime photographier les enfants et les vieux. Il semble que les enfants aient un avenir indéterminé, même si, dans bien des endroits, une fin de vie solitaire est ce qui les attend inexorablement. Leur destin ressemble à celui que l'on voit sur les photographies des personnes âgées qui souffrent. Un voyage aussi déprimant les attend. Mais, au moment présent, les enfants entament tout juste leur voyage. Ils peuvent encore briser les chaînes et avoir une nouvelle vie. En comparaison, ce que l'on a pu percevoir chez les vieux appartient plus au passé qu'au futur, auquel ils n'aspirent plus. Tout comme leurs ancêtres, leur but dans la vie est de « vivre », en laissant le temps dévorer sans pitié ce qui leur reste de vie. Dans les régions reculées et sauvages, ils finiront par quitter ce monde à l'endroit même où ils sont nés. Ce qui leur reste à vivre semble se traîner à même le sol jusqu'à ce que la mort fasse soudain irruption. Les feuilles mortes rejoignent alors les racines. Ma présence a figé en une image singulière un moment précis de leur existence qui s'écoule. Ces images ont été développées l'une après l'autre, et elles racontent ces peines sans retour, en un lieu situé entre réalité et illusion. Avec « Yi People in the Wilderness (Les Yi, peuple des étendues sauvages) », j'ai essayé de me concentrer sur ces ethnies qui refusent presque totalement toute forme d'évolution en un lieu donné, malgré l'invasion implacable de la civilisation. J'ai fait de mon mieux pour éviter les envahisseurs malveillants et découvrir la nature intrinsèque des Yi. Avec « Beyond the World (Au-delà du monde) », le temps paraissait s'être arrêté en un lieu immuable, et il semblait insignifiant de vouloir saisir ce moment. Cependant, un dieu tout puissant m'imposait cette poursuite et cette quête. Bien qu'il ne m'ait pas doté d'assez de force, et qu'au moyen d'un climat étrange il me rappelât que je ne faisais pas partie de son peuple, je lui savais pourtant gré de son indulgence, puisqu'il ne m'avait pas privé de ma liberté de penser. Diane Arbus, que j'adore, mais qui est morte si jeune, me le rappelle tout le temps : il faut affronter sans détour la vie morne et douloureuse. Dans les régions montagneuses, quand les Yi, figés par le froid, fixaient sur mon appareil photo leurs regards pleins de souffrance, ils mettaient à nu tous les péchés originaux de l'humanité – la faiblesse, la cupidité et la terreur. »

mardi 27 novembre 2007

Parti pris

Une femme dans un pays quadrillé
Interpelle Alexander Rodtchenko
Dans sa mise au point encadrée.

Photo noir & blanc : Александр Михайлович Родченко

lundi 26 novembre 2007

L'Œuvre au noir

Nos amours-fleuve à l'encre de Chine,
Dessinent la silhouette d'Alexandre III,
De la Seine à la Moscova.

Mise en onde : Nath…

Perspectives

L'armée des ombres,
Croise le fer avec la lumière
Et se bat pour la galerie.

jeudi 22 novembre 2007

Shadow Painting

Hombre, au tableau !
Mondrian pris en défaut,
Ma silhouette casée dans sa palette.

Cinq Colonnes

Melancholia des tristes rivages,
L'âme embuée de larmes
Au Soleil noir et couchant de Nerval.

dimanche 4 novembre 2007

Façon Klimt

Mahler en sixième
Legato e sostenuto
D'Abbado à Chicago.

jeudi 1 novembre 2007

Après la pluie

Puits de lumière, vitesse de croisière…
L'œil d'Eos en bandoulière,
Pour la première fois sollicité.

mercredi 31 octobre 2007

Au bout de sa nuit

L’homme est nu, dépouillé de tout, même de sa foi en lui.
C’est ça mon livre.*

Céline, le médecin des pauvres, « l’ancien combattant soûlé par la misère du monde »**, il était comment ? Fou ou génial ? Antisémite ou compassionnel ? Anarchiste ou réactionnaire ? Un peu de tout ça… Mais la Ferdine, c’est aussi un homme qui a fini brisé, isolé,
« marin des traversées fantômes, perdu enfin de l’autre côté de la vie, de la mort, dans les solitudes dont personne ne revient »**.

*Louis-Ferdinand Céline
**Frédéric Vitoux

mardi 23 octobre 2007

Le Monde à l'en-verre

Ivresse des profondeurs,
12 cl de vérité liquide et anamorphosée
Au fond d'un verre bien trempé.

Le Sortilège

Les étourneaux trissent sur l'azur,
La bûche craque dans l'âtre…
L'automne, déjà, s'assied sur son banc.

lundi 22 octobre 2007

Petits Navires

La course au large, la barre droit de vent,
Mer d'encre et oiseaux blancs,
La vague qui cogne, le cœur au levant.

Lumière divine

Adossée à cet autre jour qui décline,
Messagère des lueurs du couchant,
Elle touche nos âmes et vit dans nos mémoires.

jeudi 18 octobre 2007

Frère Jacques

Au pied du mur,
Au pied de la lettre,
Prévert et sa muse en laisse.

mercredi 17 octobre 2007

L'Arbre à palabres

Entendre la musique des arbres
À l'ombre de leur impossible révolte,
Sang de sève comme autant de notes.

jeudi 11 octobre 2007

Travelling

Aller plus loin,
Vers l'idéal,
Au bout du chemin.

mardi 9 octobre 2007

Guignol's Band

Püpchen de Brassens,
Les hommes comme des poupées,
Marionnettes de leurs amours.

vendredi 5 octobre 2007

Rough

Sujet béton. Encadré.
A gauche, aplat bleu pour l'évasion,
Sur deux colonnes à la une.

jeudi 4 octobre 2007

Hannah, m'entends-tu ?

Hannah, can you hear me ? Wherever you are, look up, Hannah.
The clouds are lifting. The sun is breaking through.
We are coming out of the darkness into the light.
We are coming into a new world, a kindlier world,
where men will rise above their hate, their greed and brutality.*

* Charles Chaplin, The Great Dictator

mardi 2 octobre 2007

L'Ecume de mes jours

Fleur de nénuphar,
Flotte sur mon imaginaire
Et ramifie mes rêves.

Au-delà

Quand nous n'y serons plus
Et que se voileront nos vagues transparences,
Je chérirai encore ton image.

vendredi 28 septembre 2007

Les Nornes

Le fil de nos destins emmêlés,
Nos vies rapiécées jusqu'à l'âme,
Nos cris dans le silence et l'immensité.

mercredi 26 septembre 2007

Savinien Cyrano de Bergerac

La lune était dans son plein,
Le ciel était découvert,
Et neuf heures étaient sonnées…*

*L'Autre Monde, ou les Empires et États de la lune.

mardi 25 septembre 2007

Huit Reflets

Razzia d'apparat,
Butin sonnant et trébuchant,
fanfares et grands éclats d'argent.

lundi 24 septembre 2007

Les Ailes du désir

Du plus haut de la nue,
Nos anges gardiens
se sont laissés capturer.

vendredi 21 septembre 2007

La Comptine du miroir

Arlequin en satin,
Colombine en mousseline,
Polichinelle en dentelle,
Et Pierrot pas de chapeau.

lundi 17 septembre 2007

Rangé des voitures

Au fond de mon tiroir,
Les souvenirs cabossés
d'une enfance carambolée.

vendredi 14 septembre 2007

Léonard Misonne

Le ciel abandonné aux flots,
La langueur immobile des heures passées,
Fixées entre eau-forte et vif-argent.

Photo Léonard Misonne

Dulle Griet

L'enfer de Brueghel,
Roulant ses pierres de folie,
Pépites de déraison.

lundi 10 septembre 2007

Spectre

Mon andrinople et ma garance,
Mon alizarine, mon amarante,
Mon absinthe et ma diaprée.

Carré magique

Équinoxe d'automne, semeur de bogues et de fleurs fanées,
Pour qui, ma lumière,
Par la fenêtre tu t'es jetée.

dimanche 9 septembre 2007

Le Grand Nord

Lyderic et Phinaert de Lille, Gayant, Binbin de Douai,
Pierrot Bimberlot du Quesnoy et bon Jéhan de Calais.

Albédo

Quelques vers stencilisés,
Déclamés avec sobriété
Sur papier glacé.

Figuration

Au premier rang
De leur cinéma muet,
Trois starlettes en instantané.

vendredi 7 septembre 2007

Paramount

Echos des sonnailles,
Les nuages passent en troupeau
Dans les rêves du berger.

jeudi 6 septembre 2007

Fleurs d'Ariwara no Narihira

Ô fleurs du ciel !
Tombez en obscures nuées
Au point que la vieillesse
En perde son chemin.

Le Cimetière marin de Valéry

Le vent se lève !… il faut tenter de vivre !
L'air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !

La Marelle

À cloche-pied,
Sur la route de Misonne,
Entre lumières et ombres portées
.

mercredi 5 septembre 2007

Outremer

Promenade au bout du fard,
Bleu battu d'écume
Et blanc bordé de guède.